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Édition avril 2024

SAUVAGINE

Textes et photos : Michel La Haye
Vidéo : François Lévesque
Photos : Michel La Haye et William Verge
(bloc Biologie et aménagement)

Retour sur les salons chasse, pêche et plein air de Saint-Hyacinthe et de Québec.

Les gens me demandent souvent pourquoi je participe à ce genre d’évènement depuis la fin des années 90. J’y trouve plusieurs bonnes motivations, tout d’abord, cette année, Master promotion, le promoteur des salons de Saint-Hyacinthe et Québec m’a attribué la responsabilité de la qualité des conférences, parties inhérentes et essentielles de ces évènements. J’ai aussi été nommé porte-parole pour les deux salons. Ce fut un honneur et un réel plaisir d’avoir à remplir ces deux rôles, depuis le temps comme on dit certains de mes amis proches 😉. Non, sans blague, donner des conférences, recevoir les questions et surtout y répondre, informer les gens, intéresser la relève, discuter de la réglementation, de l’aménagement de la faune, des techniques de chasse, de l’actualité et des nouveautés, voilà les moteurs de ma présence assidue à ces salons depuis tant d’années. Un autre pan important de ces activités est la collecte des sujets intéressant les sauvaginiers, questions de l’heure sur la technique de chasse à la sauvagine. J’ai souvent été félicité pour la pertinence des nombreux écrits que j’ai produits au fil des ans.  Je dirais que j’ai peu de mérite, car ce sont vos interrogations et hésitations qui font germer les sujets de ces chroniques et articles. Je sais, par expérience, que 10 ou 12 questions assez semblables sur le même sujet reflètent le questionnement d’un bon nombre de chasseurs.  Par exemple, ce printemps, j’ai eu moult questions sur l’utilisation des silhouettes, comment les utiliser et les disposer, avec ou sans formes pleines, etc. Bien, vous pouvez être certains que ce sera un des sujets des articles que je vais produire cette année.

Il ne faut pas négliger non plus l’aspect social des salons, on en profite alors pour renouer et parfois réparer une amitié négligée! Bien entendu, il y a l’aspect commercial, il s’agit d’évènements promotionnels très performants qui visent une clientèle particulière et ciblée, qui s’y présente d’elle-même avec enthousiasme et joie! Quel beau concentré de gens intéressés à ce que vous vendez, représentez (je pense ici aux gens de la SÉPAQ et du MELCCFP qui y sont présents) ou offrez comme services, une vraie aubaine quand on y pense bien ! 

Pour terminer, je vous dirais que bien souvent, malgré les petits pépins que nous rencontrons parfois au cours de ces salons, rien ne vaut les magnifiques sourires et les beaux yeux tout grands ouverts des jeunes qui viennent nous visiter, voyez vous-même sur les photos ci-dessous.

Une des raisons pour laquelle je participe aux salons chasse, pêche et plein air; les sourires ébahis de la relève avec ces jeunes tout feu tout flamme devant les différents kiosques et exposition en place!

Ma chienne Labrador de 12 mois, Sisip (canard en langage crie), qui aime beaucoup les petits enfants, grande vedette des deux salons que mon ami Éric Duhamel (Chenil Richelieu Retriever – Accueil) m’a confiée (je chasse avec sa mère depuis 5 ans). Un vrai rapporteur toujours en train de jouer au bord de l’eau et à nous rapporter tout animal qu’elle trouve, mais aussi doué d’un sens amical profond pour les humains, en particulier les tout petits!

Mes deux kiosques, le premier, plus spectaculaire avec une de nos caches en «A» installée à Saint-Hyacinthe où les pompiers sont plus indulgents (voir polis) que ceux de Québec, qui eux,  même si ignifugée, n’ont jamais rien voulu savoir qu’elle entre dans l’enceinte de la citée des foires !

Truc du guide

Prospection de printemps: dortoirs de jour

Mars (durant lequel nous étions encore en hiver dans le temps …), avril et mai, sont des mois que j’ai toujours aimé et chéri parce que j’adore observer la sauvagine du matin au soir, sur les aires d’alimentation dans les petits et plus grands cours d’eau, les dortoirs de nuit comme ceux de jour.  Il n’y a pas encore de feuille dans les arbres, les grandes mauvaises herbes qui cachent le fond des petites rivières ont été couchées par la neige et le vent, la visibilité est parfaite et il est très facile d’observer les oiseaux sur de bonnes distances. Profitez de cette occasion pour repérer les attroupements de canards barboteurs, le plus souvent des malards, entre les deux passes du matin et du soir. Mais qu’est-ce qu’un dortoir de jour? Les barboteurs vont presque toujours vers les grands plans d’eau à la tombée du jour, grands lacs fermés, baies abritées ou cours principal d’une grande rivière d’eau calme, leur offrent un abri contre les prédateurs terrestres et ils peuvent voir venir de loin les oiseaux de proie diurnes qui voudraient s’en prendre à eux. Il s’agit d’un dortoir de soir, des sites que je ne chasse jamais pour garder les canards dans les environs, sauf à la toute fin de la saison quand je sais que tout va geler et qu’ils migreront en masse. Ils repartiront le lendemain matin dès que les premières lueurs du ciel, souvent bleutées (les sauvaginiers disent le bleu du ciel). Rien n’est plus paniquant pour les chasseurs de canards de voir le bleu du ciel se poindre et de savoir qu’il reste une bonne demi-heure d’installation ….

Les dortoirs de jour sont bien différents de ceux de nuit, deux de leurs particularités essentielles sont d’être situées souvent assez loin de ceux de nuit, mais tout près des aires d’alimentation. Si ces sites sont à plus de 8-9 km de vol, les canards vont préférer se réfugier dans les petites rivières dont les rives sont recouvertes de grands arbres ou de végétation dense. Ils y passeront toute la journée, économisant l’énergie qu’ils auraient dépensée à faire un autre aller-retour en après-midi entre leur dortoir de nuit et les aires nourricières. Ces sites de chasse ont une valeur inestimable, car les canards y feront deux passes durant l’avant-midi, ce qui augmente les chances de succès des chasseurs. En effet, certains iront directement au dortoir avant d’aller s’alimenter, d’autres passeront tout droit vers les champs, mais tous reviendront au dortoir de jour une à deux heures plus tard. Ajoutez les canards locaux présents dans ces petits cours d’eau, vous comprendrez que la chasse ne pourra être qu’excellente! Les barrages de castors, les sites d’érosions riverains, les arbres déracinés et les affouillements peuvent bloquer l’écoulement et offrir des abris de courant. Si les rives sont en plus recouvertes de végétation dense, composée de plusieurs strates végétales, les canards utiliseront invariablement ces sites en tant que dortoir de jour.

Le repérage de ces sites exceptionnels peut être fait au printemps alors que les conditions d’observation, tel qu’expliqué ci-dessus, sont parfaites. Selon mon expérience et les nombreuses années passées à observer les canards au printemps, ces sites seront utilisés de nouveau à l’automne 90% du temps.  Profitez-en, en même temps, pour prospecter les dindons, vous ferez d’une pierre deux coups 😊.

Un des dortoirs de jour que je préfère, facile d’accès et toujours très fertile en action! Remarquez la présence des grands arbres et des fourrés denses qui l’entoure.

Appelants-appels-caches

Disposition des appelants de bernache au champ

Durant les deux salons, j’ai été enterré de questions à ce sujet qui feront l’objet, avec l’utilisation des silhouettes, d’un article cet automne. Mais en attendant, pour en apprendre plus, profitez du printemps pour aller observer des attroupements de bernaches se nourrissant au champ. Remarquez la distance entre les groupes et entre les individus à l’intérieur de ceux-ci selon la force du vent, le type de reste de culture, etc. Prenez des photos et étudiez-les par la suite, vous apprendrez beaucoup de bons trucs concernant la disposition des appelants, qui doivent imiter celle des vraies bernaches, selon les conditions météorologiques. Remarquez leur comportement quand elles sont effrayées, comment elles se regroupent avant de lever…  Ce sera de bons préparatifs à la lecture de l’article qui suivra cet automne.

J’ai aussi reçu quelques questions sur les appels en groupes, qu’il s’agisse de la bernache ou des canards.  Une des questions qui revenait souvent : «est ce que tout le monde doit utiliser le même appeau ou en avoir des différents?» Je réponds toujours la même chose sans hésiter à cette question: «Utilisez autant d’appeaux différents que possible, ou ajusté avec des tonalités variables, ça ajoute de la diversité aux appels, ça rend l’ensemble plus naturel!». Je vous invite à écouter cette vidéo avec mes amis Sébastien Dupuis et François Lévesque, alors que nous appelons ensemble. Sébastien et moi utilisons mes appeaux, mais avec deux ajustements différents, et François, un petit modèle de la famille Foiles. Jugez par vous-même de l’efficacité de ces appels en groupe. Les kiosques voisins commençaient à nous trouver un peu bruyants!   

Appels de groupe avec deux modèles d’appeaux de bernache, dont les deux de ma fabrication avaient été ajustés à des tonalités différentes.

Biologie et aménagement

Canards Illimités Canada (CIC): Principe de la Force de la nature

J’ai eu le privilège et la chance de dîner avec André Michaud, biologiste gestionnaire, programme de restauration et Services-conseils Canards Illimités Canada (CIC), durant le salon de Québec. Nous avons eu des échanges intéressants et très instructifs. Comme toute organisation sérieuse qui se préoccupe d’environnement et de conservation des milieux naturels, CIC se renouvelle avec des approches et des conceptions de projets qui répondent aux exigences causées par les grands changements que les milieux naturels et les collectivités subissent ces dernières années avec les changements climatiques. La nouvelle approche suggérée intègre à la fois la pérennité des fonctions biologiques de ces milieux et la résilience climatique des collectivités face aux catastrophes naturelles engendrées par ces bouleversements.

Je vais aussi fort probablement travailler en collaboration avec un de leurs chargés de projet, William Verge, ing., M. Sc. Ce dernier a contribué au texte que je vous présente intégralement ci-dessous concernant le programme Force de la nature qui a paru dans la Revue Québécoise d’Urbanisme, Vol. 43-3 août 2023.

Afin de s’adapter aux changements climatiques, de lutter contre l’effritement de la biodiversité et d’assurer aux citoyens un accès à des milieux naturels à proximité de leurs milieux de vie, Canards Illimités Canada (CIC) réalise des projets près des villes. Pour rendre les collectivités plus résilientes, le programme Force de la nature est né. Il s’agit d’une initiative de résilience climatique axée sur des interventions terrain financées par un collectif de compagnies d’assurance en partenariat avec CIC, fier porteur de cette démarche novatrice.

Force de la nature promeut l’implantation et la restauration d’infrastructures naturelles pour protéger les collectivités contre les forces de la nature, en misant sur la nature elle-même. Des projets sont élaborés dans les zones périurbaines vulnérables aux inondations et dans les bassins versants en amont. Pour la première phase de ce programme au Québec, c’est la rivière Lorette, dans la région de la Capitale-Nationale, qui est à l’étude. Des projets ont également lieu dans la région du delta du Fraser en Colombie-Britannique et dans le sud de l’Ontario.

Qu’est-ce qu’une infrastructure naturelle ?
Le terme « infrastructure naturelle » réfère ici aux écosystèmes qui fournissent des services essentiels à la société et à l’économie, comme les forêts, les cours d’eau et les milieux humides. Ces derniers contribuent à la régulation du climat, la purification de l’eau et la protection contre les inondations. La restauration et l’implantation d’infrastructures naturelles par des techniques d’ingénierie et de réhabilitation écologique permettent de renforcer ou de rétablir leurs fonctions essentielles à la société et l’économie. Pensons par exemple à la construction d’un marais épurateur, l’implantation d’un bassin de rétention naturalisé ou le reboisement d’un terrain dégradé.

Je vous propose de visiter thenatureforce.com/fr/ pour en savoir plus, et de penser à une de leur devise qui dit: «Il n’y a aucune limite à ce qui peut être accompli quand personne ne se soucie à qui revient le crédit.»  C’est un pensez-y-bien !

La rivière Lorette dans l’amont de son bassin versant (en haut à gauche) et d’autres photos de projets réalisés selon l’approche expliquée ci-dessus.

La rivière Lorette dans l’amont de son bassin versant (en haut) et d’autres photos de projets réalisés selon l’approche expliquée ci-dessus.

Crédit des photos: WILLIAM VERGE

CONCOURS ANECDOTE SAUVAGINIÈRE

Pour ce numéro j’ai eu une idée, bien malgré le fait que je ne manque pas d’anecdotes à vous raconter avec mes 50 ans de vie sauvaginière, je vous propose un petit concours original. Envoyez-nous une anecdote qui vous est arrivée (texte et photo) au cours d’une chasse à la sauvagine à l’adresse du coordonnateur d’édition, Richard Monfette, à rmonfette@100pour100chassepeche.com. La date limite pour participer au concours est le 31 juillet et le gagnant sera annoncé dans l’édition du mois d’août du magazine. L’auteur qui sera choisi aura droit à une séance de cours d’appel privé en ma compagnie plus une sortie de chasse guidée à la bernache ou aux canards de surface cet automne. Le concours est lancé, à vous de gagner!  Nous ferons paraître le tout, avec l’annonce de l’heureux gagnant, dans un des prochains numéros.  BONNE CHANCE 😊!

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