BAR RAYÉ DANS LE SAINT-LAURENT
Une espèce au statut de protection à revoir!
L’histoire du bar rayé dans le fleuve Saint-Laurent est un véritable récit de renaissance écologique, marqué par les efforts concertés de multiples organisations et la communauté scientifique. Ce court texte vise à explorer l’historique de cette espèce fascinante, les défis auxquels elle a fait face et les récentes initiatives pour réévaluer son statut de protection en accord avec les données scientifiques actuelles.
La disparition et la renaissance du bar rayé
Au début du XXe siècle, le bar rayé était une espèce abondante et appréciée dans le Saint-Laurent, autant pour sa valeur commerciale que pour le plaisir de la pêche sportive. Cependant, à partir de 1955, sa population a commencé à chuter drastiquement, menant à sa disparition complète des pêcheries commerciales et sportives en 1965. Cette disparition a été attribuée à une combinaison de facteurs, notamment le dragage intensif du fleuve et la surpêche.
Dans un revirement spectaculaire, le bar rayé a été officiellement désigné comme espèce éteinte dans le Saint-Laurent en 1996 par la Société de la faune et des parcs du Québec (FAPAQ), et en 2004 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Cependant, la fin des années 1990 a vu naître un projet ambitieux de réintroduction de cette espèce, connu sous le nom d’Opération Renaissance.
FAMILLE LACHANCE
Comme le démontre cette photo d’époque, le bar rayé était une espèce abondante dans le Saint-Laurent dans la première moitié du XXe siècle.
Opération Renaissance : un projet phare
L’Opération Renaissance, menée par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP), a vu le jour avec pour objectif de réintroduire le bar rayé dans le fleuve Saint-Laurent et de permettre à terme la pêche sportive. Ce projet a débuté par une série de consultations publiques en 2002, suivies de la capture et de l’ensemencement de jeunes bars de la rivière Miramichi.
Grâce au soutien financier de la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement et à la collaboration de plusieurs partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux, des millions de larves de bars rayés ont été introduites dans le fleuve, ainsi que des milliers de bars adultes, au cours des années suivantes. Ces efforts ont permis la reconstitution d’une population viable de bars rayés dans le Saint-Laurent, confirmée par la reproduction naturelle dès 2008.
UQAC-PROJET HABITAT MOSA
Des millions de larves de bars rayés ont été introduites dans le fleuve, dans le cadre de l’Opération Renaissance dans le but d’y reconstituer une population viable de bars rayés.
Défis contemporains et pétition pour la réévaluation du statut
Malgré le succès de l’Opération Renaissance, le bar rayé demeure classé comme espèce en péril, une situation qui freine la réalisation de tout son potentiel économique et récréatif. Cette classification, basée sur des évaluations désormais dépassées, ne reflète pas la situation actuelle de la population florissante du bar rayé dans le Saint-Laurent.
Face à cette contradiction, la FédéCP et d’autres organisations telles que la Fédération des pourvoiries du Québec et la Fédération québécoise pour le saumon atlantique ont lancé une pétition exhortant le gouvernement fédéral à réévaluer et à mettre à jour le statut de protection du bar rayé. Cette démarche vise non seulement à ouvrir la voie à la pêche sportive, mais aussi à démontrer qu’il est possible de pêcher une espèce en établissant des modalités assurant sa préservation et sa pérennité.
Il serait vraiment temps que le gouvernement fédéral réévalue et mette à jour le statut de protection du bar rayé dans le Saint-Laurent, pour permettre aux pêcheurs québécois et canadiens de profiter de cette espèce combative et succulente dans l’assiette.
Vers un avenir harmonieux
La réintroduction du bar rayé dans le Saint-Laurent est un exemple éloquent de ce que la détermination et la collaboration peuvent accomplir en matière de conservation de la biodiversité. Alors que la pétition pour la réévaluation de son statut gagne en momentum, il reste à espérer que le gouvernement répondra favorablement, reconnaissant à la fois la résilience de cette espèce et son importance pour les communautés riveraines. Dans cet équilibre entre conservation et utilisation durable, le bar rayé pourrait devenir un symbole de la prospérité écologique et économique dans nos régions.