
CHRONIQUE
100% PASSIONNÉE
Oie blanche: une chasse imprévisible!
Printemps est synonyme du beau temps qui s’envient, mais il annonce aussi la venue d’une chasse que j’apprécie énormément: l’oie blanche. Autant pour l’adrénaline que par la beauté des spectacles auxquels nous avons parfois la chance d’assister. Et contrairement au gros gibier où il faut rester incognito, c’est une chasse durant laquelle on peut rire, parler, manger et avoir du fun en gang. La chasse à l’oie blanche est selon moi l’une des chasses les plus imprévisibles. Surnommée oiseau de malheur ou par d’autres noms bien cocasses, elle sait tout de même nous charmer au plus haut point. J’ai plusieurs moments mémorables en tête. Si vous n’avez jamais vécu l’expérience d’être sous un vortex de milliers d’oies, c’est à mettre sur votre liste de chose à vivre absolument. Une seule bonne journée, vous fait oublier toutes celles qui ont été plus difficiles.
L’arrivée de plusieurs centaines d’oies blanches qui descendent dans un mouvement circulaire : quel spectacle magique!
Influence de la météo
Surtout dans le cas de l’oie blanche, je choisis particulièrement bien les moments où je vais aller à la chasse, car la température et les conditions extérieures influencent énormément leurs comportements. Ce sont des oiseaux reconnus pour être extrêmement méfiants dû à la pression de chasse et lorsque qu’il ne fait pas beau (temps gris, venteux, pluie, neige, etc.) ce sont les meilleurs moments selon moi. Les oiseaux volent bien moins hauts et sont beaucoup moins attentifs aux détails.
Par temps gris les oiseaux volent habituellement plus bas et il est alors plus facile de les tromper avec appelants et appels.
Une bonne prospection
Je chasse sur la rive sud de Québec depuis quelques années et j’ai remarqué que les oiseaux ont tendance à retourner dans les mêmes champs année après année. On connait donc mieux notre territoire après un certain temps et on sauve beaucoup de temps lors de la prospection. D’ailleurs celle-ci fait partie intégrante de votre taux de réussite. Cependant contrairement à la bernache, l’oie est selon moi beaucoup moins «fidèle». Du à leur grand nombre et à la pression de chasse, elles se déplacent souvent de champs en champs, rendant ainsi leurs mouvements difficiles à déterminer. La présence d’oiseaux la veille ou le matin ne garantit en aucun cas qu’ils seront de retour au prochain vol. Les chances de récolte sont plus élevées certes, mais la chasse reste de la chasse. Il y a des endroits à chasser qui sont en général toujours «bons», on appelle ça des flyway. Ce sont des terrains/champs qui se trouvent sous la trajectoire migratrice des oiseaux, alors les chances de les intercepter sont souvent bonnes. Comme dans toutes chasses, il faut savoir s’adapter à n’importe quelle situation.
Équipement
Je suis loin d’être une experte en la matière, mais c’est une chasse que je pratique depuis quelques années maintenant et qui est à la portée de tous. Il y a certes un peu d’équipements à avoir, mais nul besoin de posséder des centaines d’appelants pour faire une belle chasse. Nous chassons habituellement en groupe (ce qui nous permet de mettre nos appelants en commun) avec entre 200 et 300 appelants d’oie blanche. Tout dépendant du terrain et de la situation, nous adaptons les caches. Soit des structures montées avec toiles ou sinon des caches au sol (bed) ou carrément habillé en blanc au travers du (setup). Lorsque je chasse seule j’utilise des appelants sacs (environ 100). C’est beaucoup plus léger, ça se transporte beaucoup plus aisément pour une personne seule et ça permet de présenter quand même quelque chose de représentatif à de vraies oies. Il est préférable d’avoir du vent avec ce type d’appelants car ça les fait bouger et elles auront l’air beaucoup plus réalistes. Il vous faudra de préférence un call électronique (exemple : FoxPro); les oies se dirigent souvent vers le son lorsque leur vision est diminuée c’est donc un aspect à ne pas négliger.
L’utilisation d’appelants sacs permet d’augmenter le nombre d’imitations d’oies à plus faible coûts que les appelants plein corps.
Si vous récoltez un oiseau avec une bague…
Il arrive parfois que les oies vous apportent un petit cadeau. Pas seulement elles, mais il m’arrive plus souvent d’en trouver sur cette espèce. Les oiseaux migrateurs portent parfois des bagues à leurs pattes, ils peuvent aussi avoir un collier de couleur ou GPS au cou. Ce sont des bagues et colliers numérotés, qui sont enregistrés lors du marquage des oiseaux. Cela est fait par des scientifiques et étudiants pour les différentes études qui sont réalisées sur les populations d’oiseaux. Toutes les espèces peuvent être porteuses de bague s’ils ont été capturées et remises en liberté. Autant les oiseaux de proie, migrateurs et diverses autres sortes. Lorsque vous trouverez une bague ou un collier, il est important de la déclarer sur le site internet qui est inscrit sur la bague. Cela leur permettra de recueillir plusieurs informations cruciales. Pour ma propre curiosité de chasseuse, je trouve incroyable d’avoir accès à des informations telles que l’âge de l’oiseau, l’endroit où il a été bagué, etc. Ça nous permet de nous rendre compte à quel point, les populations parcourent beaucoup de km; c’est très impressionnant. Par la suite, vous recevrez un formulaire d’authentification pour cet individu (voir photo ci-dessous).
Certificat reçu par l’auteure suite à la déclaration de la récolte d’un oiseau avec une bague.
Pour finir, je vous dirais qu’il n’y a pas de recette magique, j’ai appris beaucoup par essais erreurs et avec les conseils d’une personne près de moi qui pratique cette chasse depuis tout jeune. Mon meilleur conseil est d’avoir du plaisir et de profiter du spectacle! Je me suis toujours dit qu’il valait mieux l’essayer que de rester sur son divan…
Ci-dessous, le genre de paysage que peut régulièrement admirer le chasseur d’oie blanche…