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Édition avril 2024

100% TAXIDERMIE

Comment bien choisir son taxidermiste

Par
DENIS D’AMOURS

Avez vous une petite idée de combien vous avez investi en temps, recherche de territoire, déplacements, coût de l’équipement etc., pour enfin un jour récolter un sujet qui non seulement vous a comblé par sa dimension mais surtout en émotions?… Souvent on parle de plusieurs saisons…Peut-être qu’il serait mieux de ne pas trop le savoir. En tout cas certainement beaucoup d’argent et d’énergie.

Malheureusement plusieurs d’entre vous s’empressent de confier le précieux trophée de chasse au premier taxidermiste s’affichant le plus près de votre lieu de résidence. Peut-être aurez-vous la chance d’avoir un naturaliste de haut calibre ou un taxidermiste vraiment professionnel….Tant mieux!

Pourtant vous avez été très méticuleux et même scrupuleux  sur les détails lors de l’avant chasse et encore plus pendant votre période de chasse, mais à l’inverse très négligeant pour dénicher l’artiste qui redonnera respectueusement une seconde vie à votre noble trophée.

C’est vous seul le juge

Je vais bientôt avoir un demi-siècle de taxidermie derrière la cravate. Rien pour me rajeunir, mais j’espère bien avoir la santé et le privilège d’en avoir autant pour l’autre demi…Hihi. Durant toutes ces années j’ai vu et admiré de magnifiques réalisations, mais aussi observé très souvent des pièces vraiment médiocres et des cervidés par exemple complètement ruinés. Rappelez vous que c’est vous qui serez le premier juge sur vos recherches de qualité et surtout ne vous fiez pas trop sur les dires de « Ti-Jo connaissant » ou ceux des mon-oncles ou des beaux-frères pour les références exactes et surtout qui reflètent bien vos attentes à vous.

Soins de votre trophée

Point très important et c’est vous qui en avez l’entière  responsabilité, soyez très méticuleux sur la préparation et les soins à donner à votre trophée et ce immédiatement après sa mort. Sortir de la forêt votre cervidé avec une débusqueuse ou plutôt utiliser un traineau adapté au gros gibier fera toute la différence sur la qualité de sa fourrure.

Depuis mes tout débuts en taxidermie, je répète et répète encore par le biais de différents médias les démarches à suivre et les directives de conservation. Mais à chaque saison je découvre des négligences qui sont irréparables.

Une méthode à proscrire pour sortir du bois une bête destinée à la taxidermie…

Éviscérer rapidement non seulement pour votre qualité de viande, mais aussi pour la qualité de la peau de l’animal. La chaire de votre gibier est dégradable mais la peau l’est tout autant. Votre allié principal c’est le froid surtout en début de saison et je conseille fortement de prélever la peau (cape), la faire refroidir bien ouverte et étirée dans tous les sens du coté chaire. Lorsque celle-ci sera froide au toucher, la rouler sur elle-même cuir sur cuir, puis congeler dans deux sacs de plastique. Mais encore mieux, apportez donc votre prise chez votre taxidermiste immédiatement car lui saura quoi faire.

Comme la viande, la peau doit être conservée dans un endroit froid, sinon elle risque de chauffer et comme sur la photo donner des résultats catastrophiques une fois rendue chez le taxidermiste.

Bonne façon d’enlever la peau sur un cervidé destiné à la taxidermie.

Toujours se rappeler

Même si vous confiez votre trophée a un taxidermiste de haut standard et de grande réputation, celui-ci ne fera pas de miracle avec une peau en mauvais état ou qui se rapproche de la putréfaction.

Genre de problématiques que peut rencontrer un taxidermiste et qui risquent de lui causer de sérieux problèmes.

Sans trop entrer dans les détails techniques, voici quelques points et questions utiles qui vous permettront de mieux cibler votre choix d’un taxidermiste :

Le nombre d’années d’expérience et la réputation du taxidermiste vous indiqueront si celui-ci a la capacité de réaliser, selon vos exigences à vous, la naturalisation de votre trophée.

À moins d’être certain de ses compétences professionnelles, il peut être très pertinent de le rencontrer à son atelier ou lieu de travail. Vous y verrez certainement des montages à l’étape de réalisation ainsi que des pièces complètement terminées. La propreté et l’ordre qui y règne vous indiqueront certainement le caractère disciplinaire ou à l’inverse la négligence qui se répète habituellement sur le résultat ou réalisation des montages en cour.

J’ai visité des ateliers chez nos voisins du sud où j’aurais mangé et dormi sur le plancher tellement tout était propre et bien ordonné et à l’inverse d’autres où règne un désordre de tremblement de terre et un endroit parfait pour l’élevage de bactéries, mites, dermestes et toute une micro faune indésirable qui pourrait même vous accompagner à votre résidence. C’est vous qui payez. Alors il est tout à fait légitime d’avoir réponse à vos questions.

Genre de miracle que doit réaliser un taxidermiste aux prises avec une peau de mauvaise qualité.

Tannage et matériaux

Toute réalisation en taxidermie, oiseaux, poissons ou mammifères implique qu’ils devront subir un traitement biologique ou chimique afin de  rendre leur peau imputrescible et leurs assurer une conservation à longue échéance. Quel est le type de tannage utilisé?

Convient-il aux cervidés ou autres animaux? Un bon tannage c’est la base et un excellent début pour votre montage. La peau est-elle bien adaptée à sa sculpture ou au mannequin? Elle ne doit pas être trop grande et encore moins trop petite bref bien adaptée au support choisi.

La peau doit être bien adaptée au support qui sera utilisé par le taxidermiste, ce qui n’est visiblement pas le cas ici.

Le taxidermiste consciencieux adaptera sa sculpture à la peau (cape) de votre bête et non le contraire car tout comme chez l’humain il y a des cervidés par exemple avec des oreilles plus courtes, un nez plus long ou bien plus trapu, un cou plus gonflé en période de rut ou plus petit et court selon la génétique de la région.

En exemple, un chevreuil d’Anticosti n’a vraiment pas le gabarit ou la physionomie d’un gros mâle de la Gaspésie. La tête sera plus fine, étroite et délicate. La peau est-elle bien collée au mannequin? Épouse-t-elle la musculature ou si au toucher dans les endroits concaves, vous sentez un vide entre le cuir et le mannequin (effet tambour).

Certains utilisent une colle de très mauvaise qualité et à bas prix et pire encore certains en utilisent pas du tout. Tôt ou tard le cuir de l’animal se déformera à différents endroits au fil du temps et selon la période de l’année. Le cuir de l’animal c’est une éponge qui absorbe, au ralenti bien sur, toute humidité ambiante et réagit, tout comme le bois, aux périodes sèches ou humides. Ainsi une peau très bien collée avec un produit de grand qualité évitera le mouvement si minime soit-il sur le mannequin.

Pour coller la peau au moule, il est impératif que le taxidermiste utilise une colle de première qualité et en quantité généreuse pour espérer obtenir un résultat satisfaisant et sur une longue période.

Au même titre que le tannage  la qualité du matériel utilisé pour le montage aura des conséquences positives sur votre pièce naturalisée. Construire une maison avec une fondation qui n’est pas au niveau et avec des 2×4 tout croches se réalise mais le résultat final ne sera certainement pas le même qu’avec du bois et des matériaux de grande qualité et surtout exécuté avec des menuisiers compétents. Le taxidermiste consciencieux et d’expérience investira temps et argent pour dénicher les meilleurs composantes de l’industrie pour la  réalisation de votre trophée. Plus dispendieux ? Oui, mais c’est vous qui en bénéficierez.. 

Lors de ma prochaine chronique je passerai au peigne fin tout ce qui entour la tête proprement dite afin de vous guider respectueusement vers l’excellence pour la naturalisation de votre trophée.

Un résultat professionnel dont on pourra être fier durant de nombreuses années…

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